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Debian est-il le meilleur choix ?

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Màj : 20 oct. 2024  –   # pages : 5

Convivialité et liberté

https://linux-debian.net/meilleur-choix#convivialite-liberte
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Parmi les distributions se décrivant comme libres, mais cependant non reconnues par la Free Software Foundation, Debian est la seule dont le système d'installation n'installe par défaut aucun pilote ("driver") et microprogramme ("firmware") non-libre. Il en résulte que parmi les distributions Linux les plus conviviales – c-à-d qui "n'empêchent" pas l'installation de logiciels non-libres (*) – Debian est la plus proche des critères puristes de la FSF.

(*) Les distributions "puristes" agréées par la FSF sont moins conviviales car elles ne gèrent pas l'installation de programmes non-libres.

Il importe également de nous situer dans une démarche dynamique. Grâce au travail permanent de ses développeurs, Debian s'améliore constamment, et peut ainsi se rapprocher toujours plus des critères de la FSF, de sorte qu'un jour elle respectera leur intégralité.

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Ce schéma est une représentation simplifiée d'une réalité quelque peu complexe. Pour approfondir voir la page Libre.

Un combat permament

https://linux-debian.net/meilleur-choix#combat-permanent

La section précédente était d'actualité jusqu'en juin 2023, date du passage à la version 12 de Debian, qui installe par défaut les microprogrammes non-libres [résolution générale ; commentaire de gnu.org].

Alors bien sûr, il en résulte que les problèmes d'absence éventuelle de microprogrammes libres disparaissent. Mais, selon moi, le ratio avantages/inconvénients de cette "évolution" n'est pas favorable. Autrement dit, il ne s'agit pas d'une évolution vers plus d'efficacité, mais bien d'une (grave) régression. En voici les deux principales raisons.

D'une part, Debian abandonne ainsi sa stratégie d'évolution vers le statut "agréé FSF". Et ce faisant, (i) Debian ne se distingue plus des autres distributions Linux, et (ii) l'ensemble de cet éco-système perd ainsi une branche dont le caractère essentiel résidait dans la voie évolutive qu'elle ouvrait vers le statut "agréé FSF".

D'autre part, les utilisateurs de Debian ne sont plus amenés, par défaut lors de l'installation de Debian, à (i) évaluer l'emprise des logiciels propriétaires, et (ii) identifier les marques qui incarnent cette emprise. Or la confrontation au réel est une condition indispensable pour que développeurs et utilisateurs d'un système informatique soient en mesure de préserver (et si possible étendre) sa place dans l'écosystème (ou méta-système) auquel il appartient. L'installation par défaut de microprogrammes non-libres est d'autant plus absurde qu'il existait déjà dans la version 11 un programme permettant d'installer automatiquement des microprogrammes non-libres, si et seulement si nécessaire, c-à-d au cas par cas, après avoir constaté leur nécessité (nécessaire évaluation du réel) ! Ce programme c'est isenkram.

Micro-
programme
("firmware")

Cette résolution générale s'inscrit dans le contexte inquiétant d'une propension croissante des fabricants de matériels informatiques à exclure les logiciels libres. Ainsi Jonathan Carter, chef du projet Debian [source], déclarait en 2022 : A small part of me is also concerned that consumer computing products are going to continue being more locked down (...). One part that has changed significantly over the last more than a decade is firmware. It used to be something that was shipped with your hardware that you could update in many cases if it fixed a bug. Now, it is something that's increasingly loaded using software from disk, this creates some significant problems for us. For example, on our default live media many wireless network cards doesn't work. This /used/ to be much less of a problem when we could tell people "Oh just install and then install the iwlwifi from non-free afterwards", but more and more consumer hardware doesn't have a wired ethernet port anymore. In the past, if we didn't have the right display driver, we could launch graphics in a degraded performance mode (...). On many chips this isn't even possible anymore. So where we could do an install first and then install just a non-free piece of firmware for graphics afterwards, live media would now just give a black screen for those cards. (...) This has just been getting increasingly worse, and not at all better. Ideally, I would have really much appreciated if the FSF and OSI could lobby hardware manufacturers to change this. [source].

Dans cet extrait, Jonathan Carter suggère que sa décision était inévitable. Mais c'est faux ! Ainsi le fait que les ports de connexion ethernet tendent à disparaître n'implique pas du tout que l'installation par défaut des pilotes et microprogrammes wifi soit la seule option possible dans la conception du système d'installation. D'ailleurs, une procédure d'installation "si et seulement si nécessaire" (c-à-d pas par défaut) existait déjà dans la version 11.

Solution. La solution que je propose est l'application du principe "installer mais dénoncer", c-à-d que les pilotes et microprogrammes non-libres seraient installés automatiquement si nécessaire, mais dans les conditions suivantes :

  1. chacune de ces installations automatiques doit être précédée d'une notification, devant être validée pour que l'installation continue ;

  2. la notification doit mentionner :
    • la marque du pilote/microprogramme non-libre ;
    • le type et la marque du logiciel ou matériel requérant ce pilote/microprogramme.
  3. ces notifications des installations de pilotes et microprogrammes non libres doivent être stockées dans un fichier IBD ("Installed But Denounced") du menu principal du bureau (exemple dans le bureau Mate : Système > Centre de contrôle > IBD) ;

  4. dans ce fichier IBD, chacune des notifications doit être accompagnée de quelques propositions de logiciels libres (/ matériels) alternatifs pour lesquels il existe un pilote (/microprogramme) libre. En l'absence d'alternatives, un lien conduit vers une page spécifique de debian.org, contenant toutes informations facilitant la réalisation de cette alternative manquante.

Dans les sections suivantes, nous allons voir que Debian conserve malgré tout d'autres caractéristiques importantes, qui la distinguent d'une partie des autres distributions Linux ...

Meilleur second choix

https://linux-debian.net/meilleur-choix#second-best

Debian demeure cependant le meilleur second choix après les distributions GNU/Linux, agréée par la FSF. En effet, Debian – contrairement à Ubuntu, RedHat et Fedora – n'a pas accepté d'acheter à Microsoft des certificats "Secure Boots" [source].

Secure Boot, cheval de Troie de Microsoft

« Un inconvénient majeur d’UEFI est la décision de Microsoft d’imposer aux vendeurs d’ordinateurs certifiés pour Windows 8 ou 10 l’obligation de livrer leur matériel configuré pour démarrer en mode dit Secure Boot contrôlé par une clé de chiffrement privée détenue par Microsoft et utilisée pour signer le noyau du système. Cette situation rend nettement plus difficile l’installation d’un système d’exploitation libre sur ces machines » [source].

Le "Secure Boot" est « destiné à empêcher le démarrage d’un système non signé par une autorité d’accréditation, en l’occurrence Microsoft. (...) Cette élévation de Microsoft au rang d’autorité universelle chargée de délivrer ou de refuser le droit de fonctionnement à tout système d’exploitation est un privilège exorbitant. Dans sa grande bonté et mansuétude, Microsoft a accepté de vendre des certificats aux éditeurs des principales distributions GNU/Linux pour la modique somme de US $99, somme symbolique, mais justement c’est un symbole lourd de conséquences, puisqu’il institue la suzeraineté de Microsoft sur ceux qui accepteront d’être ses vassaux ». Pour installer Debian, il peut donc être nécessaire (sur certains ordinateurs), « dans le menu du BIOS, de désactiver l’option Secure Boot et d’activer Launch CSM (pour Compatibility Support Module) qui permet de s’affranchir de cette contrainte, mais en perdant une partie des avantages novateurs d’UEFI et de GPT » [source].

Non commercial

https://linux-debian.net/meilleur-choix#non-commercial

La distribution Linux Debian se distingue de certaines distributions fondées sur elle (par exemple Ubuntu) par le "business modèle" non lucratif et coopératif de l'association qui gère cette distribution (en l'occurence SPI, Software in the Public Interest).

Une "distribution" est un système logiciel composite. Par « constituer une distribution » on entend « choisir et assembler les logiciels qui composent la distribution » : le noyau du système d'exploitation, le programme d'installation de la distribution, un logiciel et des pilotes pour les connexions telles que le Wi-Fi ou pour une imprimante, des logiciels tels qu'un lecteur vidéo, un navigateur web, etc.

Les distributions open source commerciales proposent généralement des versions gratuites, mais cela n'en fait pas des distributions non lucratives puisque l'objectif de l'entreprise éditrice est de réaliser du profit par la vente de services liés à l'utilisation de la distribution (support, développement…) ou par la vente d'un code permettant d'activer une partie bridée de celle-ci (voir : modèle Freemium). Ainsi, Ubuntu est une distribution commerciale car elle est fabriquée par la société commerciale Canonical.

Les distinctions sur le business modèle – lucratif ou pas, coopératif ou pas – sont importantes car elles influencent les choix faits par l'organisation éditrice de la distribution, en matière de technologies ou encore de marketing.

Client-serveur

https://linux-debian.net/meilleur-choix#client-serveur

Enfin, last but not least, l'objectif de linux-debian.net est de faciliter la création d'un réseau décentralisé, pour transformer ou remplacer Internet. Or la particularité d'un réseau décentralisé, c-à-d sans serveurs dédiés, est que les fonctions serveur sont distribuées sur chacun des noeuds du réseau. Autrement dit, chaque noeud est à la fois client et serveur. Or la particularité de Debian, qui en fait une distribution unique, est qu'elle est précisément conçue pour cette double fonction (PS : cela n'est pas étranger à la nature non commerciale de Debian).

Cette adéquation du système d'exploitation Linux est historique. Le financement de la DARPA a stimulé le développement conjoint de deux projets : (i) le système d'exploitation Unix BSD, résolument tourné vers le monde des réseaux, et (ii) le protocole de téléinformatique TCP/IP, fondement de l'Internet. Aujourd'hui, les éléments de base du protocole TCP/IP font partie du noyau Unix BSD. Laurent Bloch nous rappelle que ces travaux furent le fait d'un milieu social d’étudiants en rupture de PhD et d’ingénieurs de centres de calcul, dont les responsables ont renoncé à comprendre la teneur exacte de l’activité. « Ce faisant, ils vont engendrer une nouvelle entité technique et économique, le logiciel libre. Tout cela sans maîtrise d’ouvrage, sans cahier des charges, sans business plan, sans marketing, sans conduite du changement ni plan qualité, ni tout un tas d’autres choses soi-disant indispensables. (...) Les financements absorbés par Unix et TCP/IP sont assez ridicules si on les compare à ceux de l’intelligence artificielle (...) » [source, p.270-272, édition 2024].

Le système d'exploitation Debian GNU/Linux 12 est basé sur le noyau Linux 6.1., qui est de type UNIX.

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Auteur : F. Jortay   |   Contact :   |   Suivre : infolettre

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